ANTICOSTI: Un safari-photo avec René Bourque

Quatre valeureuses aventurières, un guide expérimenté, un enthousiasme débordant… une semaine de pur bonheur sur une île de rêve, au beau milieu de nulle part… ou presque!

Jamais sans mon René!

René Bourque organise depuis longtemps des forfaits exploration photo sur cette île qu’il adore, en collaboration avec la SEPAQ. Sa réputation n’est plus à faire. Trois ans d’attente, une pandémie plus tard, on s’engage pour un court séjour prometteur, avion, transport et hébergement inclus.

Un beau matin de juillet 2022, avec nos valises-photo remplies à ras bord, on prend la direction de l’aéroport Montréal-Trudeau. Un petit Dash 8 d’Air Inuit nous attend. “Attachez vos ceintures, c’est parti pour Anticosti, mon kiki!

Premier contact

Ce qui frappe au départ, c’est l’immensité de cette île: presque 8000 km2, 17 fois l’île de Montréal! C’est venteux et aride. Je comprends d’un coup le sens de l’expression “beauté sauvage”!

Les Cerfs de Virginie, animaux emblématiques de l’île, sont partout et très peu farouches, à force d’être nourris par l’humain. Il y en aurait plus de 90,000 à Anticosti, imaginez!

Autour de l’auberge Port-Menier, ils sont aussi nombreux que des écureuils dans le parc Lafontaine, à Montréal!

Partout dans le secteur, le long de la baie Jolliet ou ailleurs, on les croise. Toute cette belle faune à portée de lentille, voilà de quoi stimuler l’index photographique, pas vrai, Doris? Une amie qui a du panache, quand même…

Le premier venu a subi les rigueurs de l’hiver anticostien: il a perdu une partie de ses oreilles gelées, le pauvre. Mais a gagné un look attendrissant… de petite souris.

Au boulot!

Notre increvable et talentueux guide-photographe nous fait découvrir plusieurs beaux attraits de l’île. À commencer par une magnifique rivière où les premiers clics se font entendre, dans l’écume et les moustiques. Nous sommes seuls au monde, au coeur d’une nature sauvage, quasi intacte.

Anticosti, l’île aux 400 naufrages, recèle des trésors. On saute dans la camionnette pour aller vers la Pointe ouest, où on s’amuse avec le soleil couchant et l’épave du Calou, un crevettier gaspésien qui s’est abîmé sur les hauts fonds en 1982.

Et les oiseaux?

Le recensement le plus fiable fait état de 159 espèces d’oiseaux sur l’île. Concentrons-nous sur les limicoles: Grand chevalier, Courlis corlieu, Bécasseau variable, Tournepierre à collier… que d’activité, mes amis, le long de cette grève.

Il ne faut pas négliger les mammifères marins, qui sont nombreux, dans les eaux environnantes.

Au large de Port Menier, après une bonne marche à marée basse, nous attendaient, peinards, les phoques gris, occupés à se disputer un coin de rocher.

Une faune piégée

Une île isolée du continent, sans pont de glace, c’est un laboratoire vivant. Ça donne une faune peu diversifiée, mais importante au pied carré. L’humain a bien essayé d’introduire le wapiti, le bison, le caribou… sans succès. Le castor, l’orignal, le rat musqué y vivent et survivent. Le Cerf est un cas à part: il est tellement abondant, malgré la chasse, qu’il a modifié profondément le paysage en broutant tout sur son passage. Aucun jardin à Port Menier ne survit! Et la disparition des petits fruits a mené à l’extinction de l’ours.

L’autre espèce hyper abondante, c’est le renard roux, qui est indigène à l’île. Mais des renards d’élevage argentés ont été introduits et ont changé la donne, si bien qu’on en voit de toutes les couleurs: des noirs, des croisés, des argentés et des roux!

Au 3e jour de nos explorations, exténuées, on s’engouffre rapidement sous nos draps puisqu’il faudra se lever tôt pour notre renard matinal. Entre deux tonitruants ronflements: “toc toc toc”, “viiiite, des aurores”! Nos jeunes animateurs de la SEPAQ nous conjurent de les suivre vers le phare pour rendre hommage à ce phénomène rare. Les yeux lourds de sommeil, les réflexes englués, on file au phare: pas question de manquer cette chance unique! Un ciel ondoyant de vert et de mauve se dresse devant nos yeux ébahis. Une nuit blanche qui vaut son pesant… d’étoiles!

Un avant-goût

Le samedi matin, René nous emmène, sous un soleil de plomb, explorer l’Anse du sentier vert. On débouche, après une courte balade dans le lit de la rivière, sur une plage impressionnante, dominée par une paroi rocheuse au profil presqu’humain. Tout un panorama! Lunch sur les galets, sous un soleil de plomb, et une multitude de déclics plus tard, on reprend le chemin de l’auberge MacDonald.

Un peu plus tard, sur la route Henri-Menier, nous avons un avant-goût, du haut d’un belvédère, de la magnificence de la fameuse chute Vauréal, qui mettra un point d’orgue à ce voyage haut en couleurs. Demain, marche de plusieurs heures au programme pour mieux la découvrir… depuis le plancher des vaches!

La cerise sur le sundae!

Nous y voilà: la destination chouchou, l’ultime expédition… le canyon de la chute Vauréal. Mais vous voyez le topo? On stationne tout en haut, km150, on descend dans le lit d’une petite rivière tout en escaliers, on débouche sur la Vauréal et après 3km de marche sur de petits galets, le spectacle grandiose de la chute s’offre à nous. UN CONSEIL: Portez les bonnes chaussures, avec des semelles solides… PAS des chaussures d’eau pour faire du surf! *?%$%@$*(&?%&@**!!!

7.4 km aller-retour en pâmoison devant cette nature majestueuse, presqu’écrasante. Ces falaises de 90m de hauteur nous en mettent vraiment plein la vue.

Je vous laisse vous rincer l’oeil…