UN SAFARI À L’ORIGNAL

Une expérience... unique émouvante mémorable

Dans la jungle québécoise

Vous saviez qu’il existe un safari d’observation de l’orignal dans son habitat naturel à 75km de Québec? Je l’ai appris… et découvert, pour le plus grand bonheur de notre groupe de cinq passionné(e)s de nature et de grands espaces.

Ça se passe dans la forêt Montmorency, affiliée à l’Université Laval, la plus grande forêt de recherche et d’enseignement au monde dans la réserve faunique des Laurentides. Les étudiants en foresterie, géologie ou géographie y étudient, on reçoit aussi quantité de chercheurs des quatre coins du globe.

Mais LE grand spécialiste depuis 30 ans, qui connaît le territoire, les enjeux et la bête lumineuse comme le fond de sa poche, c’est LUI:

Pierre le loup

C’est lui, le seul et unique guide, qui nous entraîne, à 6h du matin, dans les sentiers de la forêt boréale qu’il connaît par coeur.

De septembre à novembre, en pleine période de rut, Pierre Vaillancourt nous donne un cours 101 sur le plus grand cervidé des forêts, animal herbivore qui peut peser 600kg.  Ce qu’il mange, comment il se comporte, comment l’approcher. On apprend à reconnaître traces, grattages, marquages et souilles.

Jusqu’aux environs du 21 septembre, son taux de testostérone monte en flèche: c’est l’époque où on se courtise. Pierre peut repérer facilement les grattages sur les branches et les troncs d’arbre ainsi que les souilles qui stimulent la libido des femelles en chaleur. L’orignal laisse souvent derrière, accrochés aux branches, des lambeaux du velours de son panache. Autant d’indices précieux pour lui.

En ce petit matin frigorifiant du début novembre, il est donc venu nous chercher dans notre hameau coquet, perché au-dessus de la rivière Montmorency, dont on entend la puissance jusqu’à nos fenêtres. Il est arrivé avec des manteaux de camouflage plein les bras. Nous avons dû troquer l’habit de neige pour l’habit de chasse. Pourquoi? Parce que l’orignal a l’ouïe fine, faute d’avoir de bons yeux: la friction des tissus de nylon aurait tôt fait de le faire déguerpir. L’odorat très développé aussi: pas de parfum. Première leçon.

Une fois transformés en chasseurs, nous voilà sur la route dans son Ford F250 qui embaume l’épinette. Pierre jase, explique, rigole, discute conservation, protection, reproduction: un puits sans fond de connaissances. On découvre un véritable Fred Pellerin des forêts! Il connaît chaque orignal par son petit nom, parce que oui, ils ont tous été baptisés!

Dans une botte de foin…

On se dit qu’à travers un territoire aussi vaste, les probabilités d’une observation ne sont pas très fortes. Pourtant, on nous parle d’un taux de succès de 80%!

Et ce succès dépend entièrement de Pierre, qui nous emmène en haut d’une colline pour mieux voir les troupeaux qui fréquentent généralement les segments forestiers fraîchement coupés. Les coupes à blanc leur fournissent rameaux d’arbres et petits fruits qui y repoussent rapidement. Quand la nourriture vient à manquer, l’hiver, ils s’attaquent aux peupliers faux-tremble et les épluchent comme des bananes!

Un premier coup d’oeil et de jumelle nous permet d’en apercevoir une douzaine au loin.